21/03/2019
Carnet Mondain en Val-de-Marne
Carnet Mondain en Val-de-Marne
Pourquoi cette rubrique ?
La lecture des registres paroissiaux nous donne un aperçu de la vie de nos ancêtres lors des trois événements principaux : naissance, mariage et mort.
Parfois, parmi les noms des témoins des actes, on relève un nom célèbre qui nous fait dire : « tiens, je ne savais pas qu’il était venu ici ! »
Les grands et les moins grands de ce monde fréquentaient nos villages. Le plus souvent parce qu’ils y possédaient une maison ou bien qu’ils y étaient invités par le seigneur local.
C’est ainsi qu’on les trouve comme témoins de mariage ou parrains et marraines d’enfants du notable local ou de serviteurs appréciés. Dans ce cas, ils honorent de leur présence un événement qui sans eux serait resté ordinaire.
On les trouve également, comme pour Coysevox ci-dessous, parce que leur enfant est décédé chez sa nourrice. Dans ce cas, le curé précise l’identité des parents.
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Bref, du beau monde parcourait nos paroisses et a laissé quelques témoignages dans les registres sous forme d’une signature où, s’ils étaient représentés, par l’énumération de leurs titres.
C’est pourquoi cette rubrique vous les présentera régulièrement.
Il faut bien commencer ….
Certaines personnalités fréquentent les lieux proches du pouvoir. C’est ainsi qu’à Choisy-le-Roi, nous trouverons la présence de membres de la famille royale en qualité de parrains ou marraines.
A l’inverse, dans une paroisse reculée comme Marolles, nous rencontrerons la famille du peintre Van Loo.
Pourquoi Coysevox ?
Si vous ne le connaissez pas, prenez un de vos anciens livres d’histoire aux pages consacrées au règne de Louis XIV. Vous y trouverez de nombreuses reproductions de ses œuvres dont le buste du roi. Coysevox était un portraitiste remarquable et on pourrait dire de ses bustes en marbre qu’il ne leur manquait que la parole :
Antoine Coysevox
(Lyon, 1640-Paris, 1720)
à L’Haÿ-les-Roses
Son nom apparaît le 5 mai 1696 dans l’acte de sépulture de son fils Martial, âgé de 19 mois, « fils de Mr Anthoine Cossevaux[1], sculpteur ordinaire du roy et de damoiselle Claude Bourdy. En présence de Mr Bizet, prêtre vicaire de la dite église et de François Genet, scieur de marbre et de Léonard Thibault, vigneron[2]. »
Antoine Coysevox est-il venu à L’Haÿ ?
Rien n’est moins certain.
En tous cas, absent le jour de l’enterrement, il nous prive hélas de sa signature.
Rien, non plus, ne dit qu’il a accompagné l’enfant chez la nourrice après sa naissance.
Comme il était d’usage à l’époque, à peine nés, les enfants de bourgeois étaient transportés chez leur nourrice par un domestique de confiance. Il ne retrouvait la maison paternelle que vers l’âge de deux ou trois ans ou plus tard.
Toutefois, Coysevox étant « réputé pour tailler le marbre lui-même », on peut penser qu’un jour, il est venu à Arcueil choisir un bloc de pierre avec François Genêt, le témoin de l’acte du 5 mai 1696
Qui était le père nourricier de l’enfant ?
Cette relation est souvent précisée dans ce genre d’acte mais pas ici, hélas !
Etait-ce François Genet, le scieur de marbre, ou bien Léonard Thibaut, le vigneron ? Il semble naturel qu’Antoine Coysevox ait demandé à ses tailleurs de pierre s’ils ne connaissaient pas une bonne nourrice pour leur enfant à naître.
Que faisait Antoine Coysevox le 5 mai 1696 ?
En 1696, Antoine Coysevox et sa seconde épouse, Claude Bourdic, avaient déjà eu une dizaine d’enfants[3].
Agé de 56 ans, il est recteur de l’Académie royale de peinture et de sculpture. Il a déjà réalisé les portraits d’éminentes personnalités du royaume dont Colbert et Charles Le Brun. Peut-être préparait-il déjà le buste de Louis XIV qu’il exposera en 1699 !
La cour Marly, au musée du Louvre, regroupe une grande partie de ses œuvres avec celles de ses neveux par alliance, les frères Coustou. En effet, Claudine, la sœur aînée de Coysevox, a épousé François Coustou d’où naquirent Guillaume et Nicolas Coustou, autres grands sculpteurs (Wikipédia).
Michèle Servera
A suivre…
[1] Son patronyme apparaît sous diverses formes jusqu’en 1679 quand lui-même adopta la graphie Coysevox (Wikipédia).
[2] AD 94, L’Haÿ-les-Roses, BMS 1692-1718, page 35
[3] Henry Jouin : Antoine Coyzevox : sa vie, son œuvre et ses contemporains…, Paris, 1883. (Gallica)
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